Bordeaux-Mexico

8 janvier10 février 2024

 

Ce projet de mobilité internationale « Bordeaux-Mexico » a reçu le soutien de l'Institut français à Paris, de la Ville de Bordeaux et Bordeaux Métropole.

Partenaires

Mobilité internationale

Les 14 élèves de la Promotion 6 de l’éstba embarquent dans une aventure exceptionnelle au cœur de Mexico, où ils partagent pendant cinq semaines le quotidien de 16 étudiant·es du CUT – Centro Universitario de Teatro, situé au sein de l’Universidad Nacional Autónoma de México. Accompagné·es par des enseignant·es en interprétation, expression corporelle et analyse de texte, ils·elles plongent dans deux œuvres dramatiques majeures qui permettent de pénétrer et de questionner la complexité de l’identité mexicaine.

Los signos del Zodiaco écrit par Sergio Magaña en 1951 présente, par le prisme d’un quartier populaire de Mexico, la vie désillusionnée, la marginalisation et la pauvreté d’une partie de la population mexicaine. Œuvre réaliste, voire anthropologique, elle brosse le portrait « d’un monde dans lequel les relations humaines sont hostiles, primitives et étouffantes ». Le grand succès que rencontra Los signos del Zodiaco – ce fut la première pièce à mettre en scène une classe sociale inférieure au Palais des Beaux-Arts de Mexico dans les années 1950 – a permis d’inaugurer une nouvelle ère du théâtre populaire mexicain, en recouvrant le réalisme urbain de poésie ordinaire.

L’autre pièce étudiée ramène les étudiant·es au présent. Oc Ye Nechca, érase una vez écrit par Jaime Chabaud en 2008 aborde la question sociétale de la migration. Alors que la frontière entre les États-Unis et le Mexique est l’une des plus traversées et demeure la route la plus meurtrière au monde pour les migrants, l’auteur utilise l’outil théâtral pour exprimer la violence et les inégalités subies. Jaime Chabaud revient dans son œuvre sur une réalité sociale puissante : pour tenter de s’intégrer dans une société qui les rejette, de nombreux migrants rejoignent les forces armées américaines, espérant acquérir la nationalité après un retour incertain. Oc Ye Nechca, érase una vez rappelle les migrations de tous les temps, questionne l’identité, la mémoire personnelle et collective et dévoile la diversité des cultures d’Amérique latine. 

L’expérience que permet ce voyage d’études ne peut se résumer à un apprentissage de pratiques actorales différentes, c’est une expérience de vie qui va transformer profondément les élèves à travers la confrontation avec une culture radicalement différente. Pour ce qui est des techniques de l’acteur, le jeu français est souvent décrit comme plus cérébral et intellectuel alors qu’au Mexique il se lie profondément à l’émotion, à la violence et à l’incarnation. 
Après quelques semaines à Mexico et dans l’ampleur du travail on ne constate pas de si profondes différences, si ce n’est la notion de processus au travail ; se retrouvent les mêmes forces puissantes à l’œuvre au plateau dans la recherche, la créativité, la recherche de sincérité, de « vérité », où l’on voit les étudiant·es français·es et mexicain·es se rejoindre sur un terreau commun et fertile. 

Au-delà des salles de cours, cette immersion permet aux élèves de découvrir un rapport au réel totalement différent. Le fameux « réalisme magique » – magnifiquement représenté par le livre culte de Juan Rulfo, Pedro Páramo – n’est pas qu’un mouvement esthétique ; il est l’expression magnifique d’une culture où rêve et réalité, matérialités et chimères n’ont pas de frontières.

Ce voyage, véritable plongée dans l’étrange étrangeté d’une culture différente, vise à transcender les frontières artistiques et enrichir les perspectives, à offrir aux élèves une expérience théâtrale inoubliable au cœur d’un pays qui ne peut que bouleverser. Logeant dans le quartier bohême de Coyoacan, les élèves se laissent traversé·es par les couleurs éclatantes des œuvres murales de Diego Riviera, l’atmosphère empreinte d’histoire de la Casa Azul de Frida Kahlo, grimpent au sommet des pyramide Teotihuacan, parcourent jusqu’à l’épuisement les musées de la ville. Clichés vivaces qui ne rendent pas complètement hommage à toutes les complexités du Mexique.


CUT – Centre Universitaire de Théâtre au sein de l’UNAM

Fondé par Héctor Azar en 1962, dans le prolongement des mouvements théâtraux d’avant-garde au Mexique, le CUT – Centro Universitario de Teatro – est l’école de théâtre de l’Universidad Nacional Autónoma de Mexico (UNAM). Référence emblématique dans la vie culturelle du pays, l’école forme des acteurs, dramaturges, metteurs en scène, scénographes, producteurs, techniciens, chercheurs et enseignants, en se confrontant sans cesse aux réalités théâtrales et sociétales.

L’université bénéficie d’une vaste infrastructure dont deux théâtres – El Foro et La caja negra – équipés de technologies de nouvelle génération et à l’usage exclusif de ses étudiants.
Son implantation, au sein de l’Université nationale autonome de Mexico, l’un des plus vastes campus au monde, donne lieu à des dynamiques de croisements des disciplines. Le CUT participe activement à la vie culturelle du Centre culturel universitaire en organisant le Festival international de théâtre universitaire (FITU) et soutient l’émergence de jeunes créateurs. Depuis sa fondation, le Centre a été dirigé par les figures les plus marquantes du théâtre mexicain : Héctor Azar, Héctor Mendoza, Luis de Tavira, Ludwik Margules, José Caballero, Raúl Quintanilla, Raúl Zermeño, José Ramón Enríquez, Antonio Crestani et Mario Espinosa.

Intervenant·es au sein du CUT – Centro Universitario de Teatro
Interprétation : David Hevia, Itzel Torres, Gabriela Núñez , Omar Silva
Expression corporelle : Lorena Glinz, Vania Belmont
Technique vocale : Tania González Jordán
Introduction à l'analyse de texte dramatique mexicain : Annya Atanasio Cadena