Autour d'Elfriede Jelinek
Restitutions publiques
dans le cadre de la Saison bis du TnBA
Studio de création
Jeudi 19 octobre à 18h30
Vendredi 20 octobre à 18h30
Georges Lavaudant metteur en scène
Bouillonnante d’inventivité, elle utilise une langue déroutante, fourmillant d’allusions politiques et littéraires. Par sa formation de musicienne, elle porte une attention toute particulière au rythme et à la musicalité, que les traductions françaises s’efforcent de rendre au mieux. Aucun dialogue. Pas de personnages. Parfois des chœurs similaires aux chœurs de la tragédie grecque.
Faits divers, anecdotes, brochures de l’office du tourisme, science-fiction, héros populaires, roman de gare, philosophie, poésie romantique, Goethe, Hölderlin, Walser. Tout est prétexte à l’écriture, à la citation, à l’emprunt. Presque illisibles lorsqu’on les lit, ses textes prennent une vie surprenante lorsqu’ils sont prononcés de vive-voix. Un matériau de théâtre idéal.
Diriger un atelier, c’est toujours une certaine manière de faire partager son savoir, ses goûts, son expérience, mais aussi c’est l’occasion de se remettre en question, de se surprendre. Parfois on s’appuie sur ce qu’on connaît bien, on approfondit ce que l’on a déjà expérimenté. Les Grecs, Shakespeare. Brecht, Feydeau, Tchekhov. D’autres fois, on est à la recherche de ce qui semble relever de la pure actualité. Violences policières, racisme, féminisme, « woke », « cancel culture », réseaux sociaux, genre, réchauffement de la planète, guerre en Ukraine. Tous les thèmes qui ouvrent et tournent en boucle sur les journaux télévisés, et accompagnent l’air du temps et les discussions de bistrot. Il arrive que l’on s’emploie à passer d’un horizon à un autre. Du grand passé littéraire sanctuarisé dans son classicisme, à la fragilité, la superficialité, et trop souvent à la boursouflure souffretante de ce qui relève de l’actualité.
J’ai choisi de travailler sur l’œuvre d’Elfriede Jelinek, que je ne connais pas, un peu par défi de provocation vis-à-vis de moi-même, pour découvrir en même temps que mes étudiants ce qu’elle peut nous apprendre, ce à quoi elle nous fait rêver. On ne sait jamais vraiment ce qu’on cherche, quel résultat on souhaite obtenir. L’apprentissage théâtral, c’est fragile, incertain, tortueux, énigmatique. On échafaude des hypothèses, on réfléchit ensemble, on se trompe, on expérimente, on bavarde, heureux de cette non-obligation de résultat.
Georges Lavaudant
Après vingt années de théâtre à Grenoble avec la troupe du Théâtre Partisan, Georges Lavaudant est nommé co-directeur du Centre Dramatique National des Alpes en 1976. En 1979, il monte La Rose et la Hache d’après Carmelo Bene et William Shakespeare, avec son comparse de toujours Ariel Garcia Valdès. En 1981, il devient directeur de la Maison de la Culture de Grenoble et en 1986 co-directeur du TNP de Villeurbanne. Il monte alternativement des auteurs contemporains et classiques, en France et à l’étranger. De 1996 à 2007, il est directeur de l’Odéon – Théâtre de l’Europe.
En novembre 2007, il crée sa compagnie LG théâtre. Parmi ses dernières mises en scène figurent Cyrano de Bergerac (2013) avec Patrick Pineau, Te craindre en ton absence de Marie NDiaye avec l’Ensemble Intercontemporain, Vu du Pont d’Arthur Miller en Espagne, ou Le Rosaire des voluptés épineuses de Stanislas Rodanski. En janvier 2017, il retrouve l’Odéon pour la création d’Hôtel Feydeau, montage des pièces courtes de Feydeau. Il met en scène Faust à l’Opéra des Nations à Genève en janvier 2018, puis l’Orestie d’Eschyle en juin 2019, avec Anne Alvaro et Pascal Rénéric. En octobre 2021 il créait Le Roi Lear avec Jacques Weber, et en 2022 Phèdre de Sénèque.
Sa dernière création, Rapport pour une académie de Kafka, était présentée en juin 2023 au Printemps des Comédiens.