La choralité

927 septembre 2024

Fanny de Chaillé metteuse en scène, directrice du tnba et de l'École

La forme originelle du chœur, à la fois acteur et spectateur, énonciateur et public silencieux, permet à Fanny de Chaillé de travailler sur la parole et son écoute.

Comment donner corps à un récit ? Avec les quatorze jeunes comédiens et comédiennes de la promo 6, la metteuse en scène fait un workshop mêlant matière corporelle et sonore : du chuchotement à la narration collective en passant par les récits individuels. Une question sous-tend toutes ces répétitions : comment la grande Histoire et la petite histoire se rencontrent-elles ? Comment l’intime se heurte-t-il à l’événement collectif ? 


Fanny de Chaillé

Fanny de Chaillé engage un théâtre du corps où elle aime séparer texte et mouvement pour mieux ré-agencer leur rencontre. C’est dans ce jeu d’échanges entre corps et voix que les écarts et distorsions se créent, que le langage gagne en physicalité et en plasticité. Ses pièces, projets et installations ne s’inscrivent pas dans un champ disciplinaire figé, plutôt les superposent, sur les plateaux ou en dehors (galeries, salles de concert, bibliothèque, amphithéâtre universitaire). Ses dernières créations reflètent cet intérêt pour les dispositifs et les modes d’adresse et d’écoute, qu’il s’agisse de redonner voix et corps au discours inaugural de Michel Foucault au collège de France (Désordre du discours, 2019), de faire collectif autour de dix jeunes comédien.nes de l’ADAMI (Le Choeur, 2020), de croiser les générations (Les Grands, 2019), ou de revisiter l’album Transformer de Lou Reed dans un format tout terrain (Transformé, 2021). Une autre histoire du théâtre (2022) dépose entre les mains de quatre jeunes acteur.ices, l’histoire de l’art dramatique et ses mutations esthétiques en jeu depuis les années 20. Elles et ils s'en s’emparent avec des moyens simples, dans un théâtre de la relation qui met en résonance formes, gestes et écritures avec les enjeux politiques et sociaux contemporains. Avec sa dernière création Avignon, une école (2024) Fanny de Chaillé traverse les archives du Festival d’Avignon depuis sa création et invite les étudiant.es sortants de La Manufacture – haute école des arts de la scène de Lausanne à rejouer leurs propres expériences, moments d’anthologie, témoignages d’artistes, regard critique ou paroles de spectateur.ices.
Formée à l’Esthétique à Paris Sorbonne au début des années 90, Fanny de Chaillé crée ses propres installations et performances à partir de 1995, et des spectacles pour la scène dès 2003, avec cette façon de faire corps en s’appuyant sur des textes littéraires – Georges Pérec dans Le voyage d’hiver, Thomas Bernhard dans Je suis un metteur en scène japonais, Hugo von Hofmannsthal dans Le Groupe -, en puisant dans une culture musicale rock et populaire – Karaokurt (1996), Gonzo Conférence (2007), Mmeellooddyy Nneellssoonn (2012), Transformé (2021) – en imaginant des formes hybrides, hors plateaux – La BibliothèqueProjet Kids.

Artiste associée de la scène nationale Chambéry Savoie (2014-2022), du CND Lyon (2017-2020), au Théâtre Public de Montreuil – CDN, à Chaillot, Théâtre national de la danse depuis 2022, au Théâtre de Nîmes depuis 2023 ou invitée par la Maison des Métallos (CoOP – 2020) ou par le Centre Pompidou en 2013 pour y investir l’Espace 315 avec La Clairière, Fanny de Chaillé, y questionne le dispositif théâtral et invente de nouvelles manières de faire circuler les savoirs et les pratiques avec les amateur.ices et les publics. En 2024, elle prend la direction du tnba - Théâtre national Bordeaux Aquitaine et de son école.