La performance

1418 octobre 2024

Esther Friess doctorante en Arts (Histoire, Théorie, Pratique) – ARTES, Université Bordeaux Montaigne

S’il est difficile de donner des limites et définitions exactes de ce qu’est la performance en tant que genre artistique, les principes qu’elle met en jeu sont en revanche des outils utiles pour analyser les formes spectaculaires contemporaines.

La performance en tant que forme artistique est reconnue dans les années 1970. Revendiquée par des artistes issu·es des arts plastiques, elle va alors à l’encontre d’un art vu comme figé et muséal en ayant recours à des formes vivantes. En nous appuyant sur l’histoire et les origines de la performance, en croisant analyses d’œuvre et lectures théoriques, nous nous intéresserons aux croisements et influences entretenues avec les arts scéniques. Comment un certain régime de présence et la performativité sont-ils devenus des éléments des mises en scène contemporaines, aussi bien au théâtre qu’au cirque ? Dans ce dernier domaine, la performance tient une place importante dans la pratique, à travers la prouesse et l’exploit physique. Cependant, le cirque contemporain réinvestit aujourd’hui la performance pour lui donner un sens nouveau, au cœur de dramaturgies désormais multiples.


Esther Friess

Esther Friess est chercheuse en cirque, doctorante du laboratoire ARTES à l’Université Bordeaux Montaigne. Sous la direction de Sandrine Dubouilh, elle mène une thèse consacrée à la construction d’agrès et de scénographies pour le cirque, afin d’envisager leur place au sein de la dramaturgie des œuvres. Directement en lien avec les constructeurs d’agrès, elle s’intéresse notamment aux entrecroisements de mâts chinois du collectif Sous le manteau, au travail sur les lignes de Cécile Mont Reynaud ou encore aux machines à spectacle du collectif AOC. Sa recherche et son regard de spectatrice s’enrichissent d’un travail d’écriture poétique et de nouvelles de fiction, notamment  inspirées de spectacles de cirque (Pim Pam, revue Jonglage, 2022). 

Diplômée de l’École normale supérieure de Lyon en études théâtrales et dramaturgies, son parcours mêle ainsi création et recherche. Après avoir été assistante stagiaire en dramaturgie sur le spectacle de sortie de la 31e promotion du Centre national des arts du cirque (Cnac) avec Galapiat Cirque, pour lequel elle a rédigé un carnet de création poétique, elle a travaillé trois ans au pôle Recherche du Cnac, au sein de la chaire ICiMa – Innovation Cirque et Marionnette. Avec Marion Guyez, elle a fait partie du comité d’organisation du séminaire « Quand le cirque se raconte », consacré aux mémoires, paroles et récits  du cirque. Aujourd’hui, elle collabore avec Amanda Homa de la Diagonale du Vide pour sa prochaine création, sur les liens entre conception d’agrès et dramaturgie circassienne, et avec la Compagnie Placement Libre pour La technique du poisson doré. Ce projet s’attache aux points de rencontre entre musique, agrès et partition physique. L’importance accordée à la scénographie, qui se transforme en agrès mobiles manipulés par l’artiste au plateau, la pousse à s’impliquer dans ce projet : partir des réflexes du scénographe pour glisser vers les dramaturgies circassiennes. Ayant participé à l’élaboration d’un ouvrage sur les musiques de cirque (PUR, 2023) et accompagné Katrin Wolf dans la  publication de son dernier carnet de notation Benesh pour le cirque (Chaire ICiMa – Cnac, 2023), Esther Friess se sert enfin de ces expériences pour les faire passer du côté du plateau et de la recherche dramaturgique. Elle poursuit ainsi l’alliance pour elle essentielle entre écriture, recherche et fabrication du spectacle.