La Nuit juste avant les forêts

« … je ne sais pas son vrai nom, celui qu’elle m’a dit n’était pas le sien, alors je ne dirai pas non plus comment elle était faite, personne ne saura jamais qui a couché avec qui, toute une nuit, sur un pont, en plein milieu d’une ville, des traces y sont encore, là-bas, dans la pierre… »
Ce premier grand texte de Bernard-Marie Koltès, porte en lui déjà tout ce qui fera le sel de cette écriture-là, la plus marquante de la seconde moitié du xxe siècle. La Nuit juste avant les forêts est une seule longue phrase bouleversante, musicale, rythmée par l’urgence de la parole. Un poignant appel à l’autre, cet inconnu, abordé un soir par un étranger pour parler.
Cette langue singulière, Catherine Marnas la connaît bien. Elle confie à Iljir Selimoski la mission d’endiguer la logorrhée déversée sur scène. Seul sur le plateau, le comédien, habité depuis toujours par l’oeuvre de Koltès épouse cette écriture débordante de mots. Un poème urbain, d’hier et d’aujourd’hui, qui traverse nos nuits.