La Barbe bleue

La Barbe bleue est un monstre dans la veine de celui de La Belle et la Bête : il est laid à faire peur, mais amoureux. Sa dulcinée n’est autre que la plus jeune des filles d’une maison voisine. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle s’appelle : la plus jeune. Épris l’un de l’autre, ils s’épousent. Car c’est bien connu, les filles ne s’arrêtent pas à l’apparence physique. Pendant qu’il part en Ferrari ou en hélicoptère courir la campagne, elle mange du Nutella®, pour patienter. Une fois le pot terminé arrivent l’ennui puis la curiosité, puis la découverte macabre, puis la peur glaçante. La Mère, dernier membre de ce trio infernal se veut rassurante : « En amour, tout s’arrange. Comme dans la vie, tout s’arrange. C’est bien connu. Non ? » Parce qu’il est délicieux d’avoir peur et de rire aux éclats en même temps, la pièce créée en 2014 par Julien Duval, artiste compagnon, a connu un immense succès. Comme dans Candide ou l’Optimisme présenté la saison dernière au TnBA, on retrouve l’univers esthétique singulier du metteur en scène : pop, coloré et joyeux. S’appuyant sur les anachronismes du texte de Jean-Michel Rabeux, le trio d’acteur·rices se joue de la cruauté du conte pour mieux ancrer sa vertu cathartique. Avec humour et générosité.