Double Murder

(Clowns / The Fix)

Hofesh Shechter, artiste israélien installé à Londres, a bâti sa réputation internationale sur un engagement radical des corps. Sa danse tribale, oppressante parfois, se retrouve encore dans ce « double meurtre » chorégraphique, cette soirée en deux temps où la violence du monde se dévoile sous des facettes complémentaires, tels le yin et le yang. Dans Clowns, ses dix interprètes questionnent l’indifférence face à la montée des violences. Dans un décor circassien avec rideau rouge et tambourins, des clowns inquiétants au maquillage surligné, s’entretuent jusqu’au bout de la fête. Comme toujours chez Shechter, la scène et les corps se découpent sans concession en fondus au noir et lumières hypnotiques. La musique aux pulsations obsédantes et aux voix hallucinées hante cette comédie funeste qui se repaît des atrocités dans un climat de paillettes.
En contrepoint, la couleur envahit The Fix et c’est comme une version soft et fraternelle de Clowns qui se déploie. Mouvements au ralenti, enlacements et lâchers-prises : les danseurs préfèrent les décalages harmonieux aux unissons martiaux de la première partie. Les masques grinçants tombent, les caresses et contacts sont autorisés, la douceur devient un baume posé sur la violence du monde. Comme un absolu besoin de résilience et de réparation.