Arcadie

Adapté du roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam, Arcadie (prix du Livre Inter 2019) se présente comme une grande enquête troublante et hilarante sur le genre. Constance Larrieu y tient seule la scène, campant avec malice la pétillante Farah dont la vie a basculé le jour où ses parents ont rejoint Liberty House et la communauté utopique, naturiste, libertaire d’Arcady, un gourou en sarouel qui couche avec tout le monde, « même avec [ ses ] parents ». L’enfant disgracieuse – c’est elle qui se décrit comme laide –, grandit sans portable ni accès au monde numérique, et cherche des repères quand son corps androgyne peine à devenir femme, voire se virilise carrément.
Dans un castelet – théâtre dans le théâtre – aux tonalités flashy et changeantes, Constance Larrieu traverse les tableaux d’un âge à l’autre, de l’innocence à l’éveil au monde, en une succession de scènes ciselées : une irrésistible séance chez la gynécologue Madame Tourteau, une première fois plus que troublante, une soirée chargée de désir sur une piste de discothèque.
Sylvain Maurice signe ici une nouvelle pièce sur l’adolescence, dont la langue, provocante et vive, n’est pas si fréquente. Il est émouvant d’y suivre l’évolution de cette jeune fille qui, sans pathos et dans la joie, trouve la force de se libérer d’un faux paradis replié sur lui-même, pour trouver le chemin de soi, et de la liberté.