Dan Då Dan Dog

Le jour où le chien nommé Jour (Dan) est mort

Dès la première scène, matérialisée par un ingénieux fauteuil tournoyant, c’est le temps qui s’égrène. Personnage principal de cette pièce douce-amère sur la vie qui passe, les empêchements, les rêves… et la mort, qui sèche immédiatement le grand-père, la tête dans son café. À son enterrement se retrouvent sept personnages un peu paumés, comme perdus au milieu d’eux-mêmes, englués dans leur quotidien, maladroits dans leurs interactions. De monologues mélancoliques en situations cocasses un conte contemporain se déploie, foutraque.

Le texte à la vivacité folle de l’auteur suédois Rasmus Lindberg, peu connu en France, brouille les repères chronologiques de cette pièce aux télescopages aussi absurdes que drôles. S’y juxtaposent les récits intérieurs d’une adolescente enflammée, d’un jeune homme scotché à son lit, d’un pasteur alcoolique, ou d’un médecin paniqué d’avoir égaré son chien, Morty. Dans une mise en scène déployant des trésors d’inventivité, peuplée d’objets du quotidien, de décors amovibles, de folles poursuites en hauteur, la distribution éclectique fait mouche et dessine les contours d’une humanité paumée, avec la poésie et le bizarre d’un film de Kaurismäki.

Avec cette première création en tant que directrice du Méta - CDN de Poitiers, Pascale Daniel-Lacombe fait la part belle aux relations intergénérationnelles mais surtout aux êtres désespérés, aux ratés joliment zinzins, délicieusement humains. Elle ouvre aussi une brèche burlesque et philosophique sur ce qui nous relie au monde, et aux autres.