Mine de rien

On ne saurait les réduire à leur étiquette d’« ancien·nes de l’école du théâtre » tant elle et il ont depuis longtemps tracé leur route d’artistes accompli·es. Mais on ne cache pas une joie et une fierté particulière à accueillir ce duo-là dans Mine de rien, pièce à la tendresse bancale que Jérémy Barbier d’Hiver – inoubliable Puck l’an dernier – porte ici en tant qu’auteur, metteur en scène, et comédien. Julie Teuf – qui crée cette année Débris –, comédienne capable de toutes les métamorphoses et toutes les surprises, se retrouve à ses côtés en mère clouée dans un fauteuil roulant. Tout en énergie rentrée. Lui est un jeune homme un peu paumé, pas vraiment dans le moule d’une société peu encline à tolérer les déclassés. Orphelin de père, il vit encore avec sa mère handicapée.

Plutôt que de se murer dans le silence de leur solitude, ils prennent la parole, racontent, partagent leur histoire faite de petits riens et de saillies merveilleuses. L’auteur revendique une langue qui bute, s’essouffle, des silences qui entrecoupent la poésie espiègle et les réflexions du petit-déjeuner. Les comédiens sensibles et détonants nous attrapent les yeux dans les yeux, sans honte, sans fard, poignants. Mine de rien, ce qu’ils mettent à jour est un besoin d’humanité disparate dans une société qui lisse les aspérités et exclut trop souvent les échappé·es.