L'Événement de Laschamp

Durée 1h15 environ
Grande salle Vitez
1719 juin
Durée 1h15 environ
Grande salle Vitez


Le prix, c’est toi qui choisis !
Spectacle à prix libre
0 € / 5 € / 10 € / 20 €

En soutenant ce spectacle, vous vous engagez pour la formation et l’insertion professionnelle des artistes qui feront le théâtre de demain.

Phia Ménard et la Promotion 6 de l’école du tnba

Cette année, c’est la metteuse en scène Phia Ménard qui accompagne les comédien·nes de la Promotion 6 pour ce spectacle qui vient clôturer le cursus de formation au métier de comédien·ne. Dans une forme chorale, les 14 élèves de l’École du tnba expérimentent au travers du corps, les notions d’anomalie, d’absurdité et de déséquilibre. Une performance audacieuse conçue comme un lointain écho à ce phénomène naturel spectaculaire qui a conduit à une brève inversion du champ magnétique terrestre, il y a environ 42 000 ans : l’Événement de Laschamp. 

Est-ce que les murs d’un théâtre sont un abri au dérèglement généralisé du monde ?

L’événement de Laschamp pourrait se concevoir comme l’arrivée du trumpisme mondial : un perturbateur de la stabilité. Ici, cependant, c’est bien de métaphysique dont je m’inspire.

L’événement de Laschamp, nous dit Wikipédia, est un phénomène naturel, une brève inversion du champ magnétique terrestre remontant à la fin de la dernière période glaciaire, autour de - 42 000 ans avant J-C. Ce sont des anomalies géomagnétiques trouvées dans les coulées de lave de Laschamp en Auvergne qui ont révélé ce phénomène. Le champ magnétique terrestre, ne protégeant plus efficacement la planète des rayonnements cosmiques et UV, provoquait des aurores visibles jusqu’à l’hémisphère sud.

Ce serait à cette époque que nos ancêtres Homo sapiens prirent l’ascendant sur leurs cousin·es néandertaliens, en développant des outils déterminants : des grattoirs pour préparer les peaux, des aiguilles, des poinçons, des outils de couture, employés pour fabriquer des vêtements sur mesure. Ces derniers offraient alors un double avantage : leurs porteur·se·s, réchauffé·e·s, pouvaient s'éloigner plus facilement du foyer pour chasser ou explorer ; elles et ils se voyaient aussi mieux protégé·e·s des UV. Contre ces derniers, les humains dits "anatomiquement modernes" auraient aussi pu avoir recours à l'ocre, un pigment naturel composé d'oxyde de fer, d'argile et de silice, utilisé depuis longtemps pour décorer leurs objets, murs et corps.

J’ai invité les 14 interprètes à un voyage dans cette vision d’un monde où l’art du grimage serait né de cet événement. Nous avons construit un regard commun sur l’inexplicable, sur l’interprétation de signaux incompréhensibles. Nous nous sommes inventé·e·s des manèges d’images comme des peintures rupestres infinies. Nous avons lu le trouble dans les mots d’Incident du poète russe Daniil Harms et écouté la musique Universe Symphony, du compositeur américain Charles Ives. Nous nous sommes inspiré·e·s des constructions répétitives du court-métrage Tango du réalisateur polonais Zbigniew Rybczyński.

Nous avons imaginé l’événement de Laschamp d’aujourd’hui comme un voyage pour comprendre le mot regarder. Vous me direz que regarder dans notre monde d’écrans est inintéressant. Je vous répondrai que regarder, c’est ce que le théâtre offre de plus important. Savoir regarder loin et grand. Apprendre à regarder, c’est ce que nous faisons, nous autres artistes. Pour cela, nous prenons le temps en main et lui donnons une valeur. Nous regardons la société, nos quotidiens, pour en extraire la poésie.

Regarder devient alors un jeu de piste infini pour qui accepte le trouble. Notre narration est celle d’un Georges Perec : une longue description du point de vue, de celles et ceux qui aiment se perdre dans le moindre détail. L’événement est peut-être visible pour celles et ceux qui ne cherchent pas le sens mais se prêtent au jeu des images. Une aurore est belle sur une photo, mais son mouvement réel la rend incroyablement puissante.

Ils et elles sont 14 acteur·ice·s capables de vous rendre le plus beau des services : oublier la normalité et préférer l’étrange.

Phia Ménard
Bordeaux, le 2 juin 2025

 

Phia Ménard est directrice artistique et interprète de la Compagnie Non Nova, qu’elle fonde à Nantes en 1998 avec l’envie de porter un regard différent sur l’appréhension de la jonglerie, de son traitement scénique et dramaturgique. « Non nova, sed nove » (Nous n’inventons rien, nous le voyons différemment) en est un précepte fondateur. En 2008, elle initie un processus de recherche intitulé « I.C.E » pour « Injonglabilité Complémentaire des Éléments », qui consiste en une approche créative, intellectuelle et imaginative autour de la notion de transformation, d’érosion ou de sublimation de matières ou matériaux naturels comme la glace, l’eau, le vent…et de leurs interactions avec les comportements humains, corporels ou psychiques.
Plusieurs cycles ont été initiés depuis 2008 : Les Pièces de Glace, Les Pièces du Vent, Les Pièces de l’Eau et de la Vapeur, Les Pièces de la Sublimation, Les Pièces du Jardin et des Ruines. Ses spectacles sont présentés sur les scènes françaises et à travers le monde dans plus de 50 pays.

Avec les 14 élèves-comédien·nes de la Promotion 6 de l’École du tnba : Benoit Asnoune-Delbort, Laurie Atlan, Matthieu Bousquet, William Burnod, Apolline Clavreuil, Mattéo Cresto-Miseroglio, Marie de Dinechin, Mario de Miguel Conde, Vigga Sidénius Guldhammer, Matteo Perez, Lucrezia Rodighiero, Pauline Rousseau, Marion Rozé et Samuel Santos Aguiar

Assistante à la mise en scène : Clarisse Delile. Créateur son : Ivan Roussel. Costumes Fabrice Iloy Leroy assisté de Kam Derbali. Lumières Phia Ménard assistée de Christophe Turpault. Et toute l’équipe permanente et intermittente du théâtre et de l’école qui a œuvré à la création du spectacle.

Production déléguée tnba – Théâtre national Bordeaux Aquitaine