Place

« Que reste-t-il de ma langue ? Perdue à jamais au fond des gorges ».
Yasmine avait quatre ans lorsque la guerre du Golfe a obligé sa famille à rester à Paris, où ils ne devaient pourtant passer que des vacances. Le père muet, la mère désespérément accrochée au désir d’un retour. Et elle ? Où se situe-t-elle ? Elle est écartelée entre ici et là-bas, entre loyauté à ses racines et volonté de se fondre dans le pays d’accueil. La pièce en partie autobiographique de Tamara Al Saadi, artiste associée au tnba, croque en saynètes enlevées les pressions familiales, les premières amours, les attentes à la préfecture, et les déceptions vis-à-vis d’un pays qui la ramène trop souvent à ses origines. Montée avec un dépouillement assumé – plateau noir et chaises blanches –, une troupe de huit comédien·nes en toute liberté, et une héroïne habilement dédoublée en deux interprètes, Place met en lumière la singularité du théâtre de Tamara Al Saadi.